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Les invasions barbares

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CAROLLE ANNE DESSUREAULT.

De tous les incidents dramatiques et violents que nous subissons dans une société, aucun n’est plus inquiétant, traumatisant et toxique, que celui provenant d’une violence désespérée qui éclabousse des personnes qui n’ont rien à voir avec celui qui déclenche le drame.

 On assiste de plus en plus souvent à des scènes dévastatrices où un individu incapable de supporter son sort – que ce soit pour manifester contre le pouvoir établi ou pour punir une personne qui l’a rejeté – crache son désespoir par la bouche de son fusil sur des innocents. Incident qui se passe dans des lieux publics où on s’attendrait à une certaine sécurité : universités, collèges, écoles, cinémas, gares. Et maintenant, les garderies!

Ne sont-ce pas là les invasions barbares modernes de notre époque où nous ne pouvons que constater notre impuissance!

Certes, les gestes de ces individus révèlent une grande souffrance. Ils inspirent aussi l’injustice. Le pire, la terreur.

Le drame qui s’est joué à la garderie Les Racines de vie Montessori vendredi dernier à Gatineau ne laisse personne indifférent. Heureusement, il n’y eut aucun blessé parmi les 53 enfants qui se trouvaient dans la garderie. Mais deux morts, et de grands filets de peur diffusés dans les consciences.

Le drame se déroula en quelques minutes avant l’arrivée des policiers

L’appel à l’aide fut logé à 10 h 27. Les policiers arrivèrent à 10 h 30, mais le drame avait déjà eu lieu.

Quelques minutes plus tôt, Robert Charron, âgé de 49 ans, originaire de Denholm, fait irruption dans la pouponnière de la garderie. Il tire sur l’éducateur, Neil Galiou, qui succombera à  ses blessures quelques heures plus tard à l’hôpital de Hull situé de l’autre côté de la rue. M.  Galiou était un français venu au Canada pour acquérir des compétences dans le milieu des services de garde. Selon sa famille, il souhaitait retourner en France afin de transmettre aux enfants «un éveil artistique.»

Après avoir tiré sur l’éducateur, Robert Charron se rend vers le deuxième bâtiment où les 48 autres enfants d’âge préscolaire se trouvent. Charron a le bon sentiment de demander aux employés de faire sortir les enfants. Pourtant, plusieurs seront témoins de la scène pendant laquelle plusieurs coups de feu furent tirés aux deux endroits.

Robert Charron en voulait surtout à son ex-conjointe de quelques jours, Nathalie Gagnon, la directrice de la garderie, qu’il aspergea d’un liquide inflammable ainsi que le bureau de cette dernière. Il ne réussit pas à y mettre le feu, malgré sa volonté de le faire. Il s’enleva la vie avec son arme de chasse. Il aurait laissé une lettre à son domicile sur les motifs de son geste, lettre découverte au cours de la perquisition des policiers.

Ici, une fois de plus, l’origine du drame se trouve au cœur d’une rupture conjugale non acceptée.

Les psychologues recommandent aux parents de dédramatiser l’incident

Pour les plus petits, avant l’âge de deux ans, sans doute les souvenirs seront-ils plus mineurs, peut-être même inexistants.

Pour les autres, c’est différent.

Heureusement, il y a quelques mois, les pompiers de Gatineau avaient rendu visite à la garderie pour expliquer aux enfants les étapes à suivre lors d’une évacuation. Il semblerait que suite à l’incident, plusieurs enfants croient toujours qu’il s’agissait d’un feu.

Pour d’autres, c’est moins sûr. Plusieurs auraient été témoins de la scène de violence.

La tâche des parents ne sera pas facile. Dans un monde quotidien où la vue de la violence est souvent banalisée, – parlons des films où le «bon» héros peut se permettre de tuer 130 fois sans être perçu comme méchant, mais uniquement comme un sauveur qui se dédie à l’éradication du mal, – prétendre que l’agression dont ils furent victime n’est pas si dramatique, ni si dangereuse … mais j’en conviens, c’est la seule voie possible pour garder un équilibre émotionnel.

Les enfants doivent être rassurés sur la normalité des émotions qu’ils ont ressenties et qu’ils ressentent encore après le choc.

Conclusion – une invasion de moyens de développement pour tous

Est-il seulement possible de penser qu’on peut se protéger contre des personnes en crise émotionnelle qui décident de régler leurs comptes en prenant à témoin des innocents?

Dans un monde meilleur, oui.

Pour l’instant, il faut faire avec. Surtout, ne pas intensifier la dramatisation.

Notre société a perdu l’illusion de la parfaite sécurité. On se protège du mieux qu’on peut. On se protège avec des moyens extérieurs.

Mais, le mal vient de l’intérieur des êtres.

Quel serait le facteur qui pourrait améliorer notre société, et conséquemment, les maillons des individus qui en constituent la chaîne?

Favoriser le développement de l’enfant. Pas seulement sur le plan mental, mais aussi sur les valeurs du cœur.

L’enfant est comme une graine plantée dans le jardin de la société. Il prendra ce qu’on lui donne.

Le développement de l’enfant et son droit à l’éducation sont les racines de la société en devenir. Le respect des différences. Le soutien à la pauvreté.

Dans une société où la corruption se met dans les poches des milliards de dollars, il doit bien y avoir deux ou trois milliards qui pourraient lui être extirpés pour les consacrer à assurer aux familles démunies un revenu plus décent, et non pas uniquement une aide insultante par sa petitesse.

Abattons les cloisons sociales qui séparent les individus de la coopération.

Unir, ce n’est pas uniformiser, c’est respecter l’individualité de chacun, sa différence. À mon avis, la violence naît du pouvoir qui uniformise et impose un modèle, celui du plus fort.

Peut-être faut-il y voir là le début des invasions barbares?

 

Carolle Anne Dessureault


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